zoothérapie

« L’animal qui ne parle pas, devient soudain ce corps qui fait parler, ce corps qui va régir une nouvelle conduite, ce corps qui ouvre à l’enfant émerveillé les portes du rêve, les portes des êtres, les portes de la nature, les véritables portes du monde ».
Ange Condorcet

Pour l’enfant la rencontre avec un chien équilibré, éduqué, sociabilisé (ce sont des impératifs concernant les qualités du chien thérapeute, nous excluons de ce titre les chiens qui n’ont pas été correctement éduqués, pour que le contact avec le chien soit positif un certain nombre de critères doivent être présents) est une source d’émerveillement, de curiosité, de découvertes, de joie. Cette rencontre implique les domaines sensoriels, émotionnels, intellectuels. Le chien thérapeute ou le chien familier favorise la sociabilité, la sécurité, l’apprentissage, nous citons Freud : l’enfant accorde à l’animal d’être pleinement un égal, reconnaissant sans inhibition ses besoins, il se sent naturellement parent du chien domestique, l’enfant se reconnaissant en « miroir » dans le chien, il identifie le chien comme étant une personne qui occupe, comme lui, une même place dans la famille. Une exception pourtant, et actuelle (le point de vue de l’Islam, la responsabilité des médias), certains enfants ont peur des chiens : cette peur peut être familiale, elle peut être liée à l’éducation, elle peut provenir d’une confusion associant le chien au loup (contes, histoires, reportages), elle peut également être le fruit d’un transfert inconscient (par exemple la peur du père), elle peut être liée à un traumatisme passé, une mauvaise expérience. Le contact, la rencontre avec le chien peut intervenir (en vue d’une pédagogie humaniste et écologique) à différents niveaux : en observant le chien, l’enfant aiguise sa curiosité, son intellect car il fait fonctionner sa capacité à comprendre, à faire des rapprochements, des analogies, à s’adapter, et cela est bien utile à ses futurs apprentissages. Le nombre de questions que posent les enfants au sujet des chiens est impressionnant !

De même lorsque l’enfant découvre, sous la direction de l’éducateur, les codes de communication canins, les principes relationnels canins, il fortifiera ses capacités d’adaptation, son raisonnement, sa mémoire, ses capacités cognitives. De même lorsqu’il entre en relation, par exemple dans le jeu, la communication, il découvre le respect des règles, le respect de l’altérité, il ressentira la nécessité de tenir compte de la nature de l’animal, de gérer ses émotions. L’apprentissage de la communication canine ouvre également les portes de la créativité, de l’imagination, renforce le sentiment narcissique de l’enfant (indispensable pour l’image de soi). L’intérêt, la curiosité face au chien renforce l’aptitude à aller vers ce qui est nouveau, ce qui est « autre », aller vers le chien c’est s’aventurer vers l’inconnu, les enfants iront plus facilement vers l’autre, cet inconnu lui aussi. Il est à noter qu’un autre intérêt non négligeable est celui de dépasser ses préjugés, ses peurs, ses émotions. La découverte de l’enfant des conséquences illusoires de ses préjugés et ses peurs amènera celui-ci au concept de courage, de dépassement de soi, de ses peurs et s’enrichira de la victoire sur ses préjugés, aspect essentiel d’une future éducation sociale, cela amènera,  dans le futur, une disposition à aller vers l’autre sans peur, avec confiance, sans préjugés.

Lorsque l’enfant découvre que le chien est dépendant, prisonnier de l’être humain, que son sort dépend de lui, l’enfant ressentira de l’empathie. Le chien innocent, fidèle, sans détours lui ouvrira les portes du cœur. La relation au chien docile, amical, affectueux et sans détours, ni hypocrisie, qui accepte l’enfant sans jugement ni discrimination pourra être d’un grand secours thérapeutique si l’enfant fut traumatisé ou vit une relation inappropriée avec les adultes (ce qui est souvent le cas, les parents ayant peu de temps, trop de responsabilités, ou eux-mêmes carencés affectivement ). L’identification avec le chien soumis, dépendant se fera évidemment si l’enfant a l’impression de vivre la même relation avec le monde des adultes, la réparation se fera donc dans la relation affectueuse que nouera l’enfant avec le chien. Dans nos sociétés où la sécurité émotionnelle indispensable fait défaut aux enfants, le chien qui manifeste une relation, des comportements affectifs positifs provoquera chez l’enfant le sentiment de compter, d’être aimé, de se sentir accepté et cela pourra compenser cette carence affective, les manifestations amicales, affectueuses du chien renverront l’enfant a un sentiment d’importance, très utiles dans un monde ou le manque d’attention, l’isolement réel ou imaginaire des enfants est fréquent. L’enfant traumatisé n’ayant pu nouer des contacts de proximité, sa capacité relationnelle sociale en sera affectée ; le contact avec le chien pourra réparer les carences affectives, l’enfant, dans le futur pourra nouer des relations de confiance, de proximité car le chien manifeste avec une évidence absolue une absence de malveillance, toujours amical, même un peu traumatisé par les enfants, il leur témoigne une endurance à aimer, une affection sans compromis, une absence de rancune.

2016-08-21-16-27-57De plus, l’enfant s’identifiant au chien (qui occupe la même place que lui, aux yeux de l’enfant), la manière dont les adultes, éducateurs, thérapeutes entrent en relation avec le chien aura un impact positif, on peut souvent faire le rapprochement entre la façon de l’enfant d’entrer en relation avec le chien et la façon dont les adultes ont traité l’enfant. La cruauté de certains enfants envers les animaux est inquiétante, c’est généralement le signe d’un malaise de l’enfant, il manifeste le déplacement de conflits avec le monde des adultes, une relation bienveillante vis à vis du chien respectant sa fragilité, sa dépendance pourra corriger les relations traumatisantes, carencées affectivement.  Les expériences relationnelles avec le chien thérapeute s’inscriront positivement et durablement dans les mémoires émotionnelles ; elles peuvent susciter de futures vocations à l’entraide, à la protection animale, à l’écologie, au respect de la vie, à la défense des plus vulnérables, à un travail social. Le contact avec le chien engendre un amour de la vie, car finalement, l’enfant urbain perdu dans un monde urbain, bétonné de toute part, n’a pas de contact avec la vie qui est celle des animaux, des océans, des forêts, du vent et de la pluie, et il pourrait y voir une source d’insécurité, de difficultés, voire de souffrances. Le manque de conscience écologique, le manque de respect envers la vie en général a peut-être sa source dans cet isolement grandissant de la nature, des éléments ; le chien pourrait pallier cette carence du monde moderne, urbain, et finalement source de névrose, de dépression. Dans le même esprit, la présence silencieuse du chien équilibré, sans pensées parasites, sans parole amène l’enfant à l’expérience d’être, sans pensées, ni émotions, cela peut être une expérience significative pour le futur de l’enfant.

Le fait d’entrer en relation avec le chien dans le silence et le calme, par exemple lors d’une promenade au parc, dans la nature est bien sûr une possibilité de se guérir des agitations continuelles du monde moderne (télé, internet, sollicitation constante, bruit quotidien, musique, trafic routier etc,…), les émotions et les agitations mentales se calment, un équilibre silencieux se fait jour dans le mental agité. Une future propension à la recherche de la guérison psychique par le silence intérieur sera induite chez l’enfant. D’un point de vue éducatif, il appartient à l’éducateur avec l’aide du chien thérapeute, d’apprendre les règles et les principes de relation, la relation au chien sera le symbole des relations sociales. L’enfant devra relayer l’éducateur en exerçant son autorité dans les ordres de base tels que : couché, assis, ici, donne la patte, il sera très fier d’y arriver et découvre une confiance en lui-même, c’est pour lui une victoire et il éprouve les bienfaits du respect des règles et il ressent la pertinence des règles dans la relation à l’autre.

 

Considérations sur le chien thérapeute :

C’est un chien éduqué, équilibré dont les besoins biologiques et psychiques sont satisfaits. Le chien
équilibré sera calme, patient, amical car il aura été socialisé et sociabilisé particulièrement aux humains et aux enfants. Il aura été conditionné à la non-violence, la non-agressivité, le rôle de l’éducateur est primordial ; en effet il faudra que la relation avec les enfants soit paisible, sans accrocs pour la réussite de la relation enfants -chiens. Pour la réussite du travail, le thérapeute ou l’éducateur doit être un spécialiste du chien et un éducateur averti, il devra être compétent dans ces deux domaines. Il devra avoir mené l’éducation du chien d’une manière complète avec intelligence et savoir, il devra également posséder des qualités d’empathie, d’intelligence émotionnelle et relationnelle pour éduquer les enfants à la relation au chien